Pélé 2009 le chemin de bernadette

 

 

Le pélèrinage 2009 aura lieu du 15 au 20  Juin 2009

  Thème pastoral 2009
Le chemin de Bernadette
 
 

L’année 2008 était évidemment consacrée aux apparitions. Nous n’avons pas oublié Bernadette, puisque le Chemin du Jubilé passait par trois lieux significatifs : le baptistère, le cachot et l’oratoire de l’Hospice. Mais le chemin du Jubilé s’arrêtait le 16 juillet 1858, jour de la dernière apparition.

Je vous propose, cette année, de poursuivre la route, car Bernadette a vécu vingt-et-un ans après les apparitions : huit ans à Lourdes et treize ans à Nevers. Si l’Eglise l’a déclarée « sainte », ce n’est en vertu des apparitions (tous les voyants de l’Histoire n’ont pas été canonisés), mais à cause de sa vie tout entière.

Arrêter la vie de Bernadette en 1858 serait aussi absurde que d’arrêter celle de la Vierge Marie à l’Annonciation. Comme Marie a poursuivi son pèlerinage de foi, selon les mots de Jean-Paul II, Bernadette a poursuivi sa route avec courage. C’est pourquoi, après le Chemin du Jubilé, nous vous proposons le Chemin de Bernadette.

Il ne s’agit pas de relire en détail la biographie de Bernadette mais de dégager quatre composantes de sa vie chrétienne qui, d’une manière ou d’une autre, au 21ème siècle comme au 19ème, pour des laïcs comme pour des religieux, se retrouvent dans toute vie chrétienne.

I) Discerner sa vocation

Lieu symbolique : l’Hospice


Oratoire de l'ancien hospice
 

Bernadette a eu rapidement l’intuition qu’elle serait religieuse. Elle n’a jamais voulu s’établir dans le monde, comme elle y était invitée. Elle a refusé toute offre pécuniaire. Elle a éconduit les prétendants dont certains étaient sérieux.

Mais elle a mis huit ans pour trouver où le Seigneur l’appelait. Quand la Dame lui dit, la première fois, d’aller à la source pour y boire et s’y laver, elle se dirige d’abord vers le Gave. La Dame doit lui faire comprendre que ce n’est pas la bonne direction. La scène du 25 février comporte des allers et venues, des tâtonnements avant la découverte de la source. Il en fut de même pour le discernement de sa vocation.

Bernadette ayant vu la Sainte Vierge, il paraissait normal, pour elle, d’entrer dans une congrégation contemplative. Tout naturellement, elle pensa au Carmel de Bagnères, fondé en 1853. Mais sa santé ne lui permettrait pas de suivre intégralement la règle. Elle refuse toute perspective d’aménagement de la règle. Donc, ce type d’ordre, avec ses austérités, n’est pas fait pour elle. Elle doit chercher ailleurs.

Les livres vous raconteront :

  • les tentatives de diverses congrégations pour attirer Bernadette ;
  • le dialogue avec Mgr Forcade, évêque de Nevers, en 1863, au terme duquel Bernadette répond qu’elle y pensera ;
  • les obstacles à surmonter (absence de dot, mauvaise santé, attachement à sa famille) ;
  • les réticences des Soeurs ;
  • la patience de son confesseur, l’abbé Pomian, aumônier de l’Hospice ;
  • l’apprentissage du service auprès des malades ;
  • finalement, son option pour la congrégation des « Soeurs de la charité et de l’instruction chrétienne de Nevers », par attrait pour le service des pauvres et parce que les Soeurs n’ont pas cherché à l’influencer.
 

II) La vie en Eglise

Lieux symboliques : le presbytère et l’église paroissiale

Presbytère
Presbytère
 

Bernadette n’allait pas au catéchisme : nous savons pourquoi. Mais elle ne vivait pas en dehors de l’Eglise. Elle avait été baptisée à l’âge de deux jours. Elle fréquentait l’église paroissiale, allant à la Messe non seulement le dimanche mais certains jours de semaine. Le dimanche, elle allait même aux vêpres : le 14 février 1858, sa mère veut lui interdire de retourner à la Grotte, entre autres raisons parce qu’elle risque de ne pas être rentrée pour les vêpres. Les vêpres étaient, évidemment, en latin. Notez bien que, si elles avaient été chantées en français, cela n’aurait rien changé puisque Bernadette ne savait pas le français.

Son Eglise, c’est aussi sa famille, « petite église domestique », comme l’a encore redit récemment le pape Benoît XVI. Dans la famille Soubirous, parents et enfants récitent ensemble le chapelet. Ils se soutiennent mutuellement. Ils endurent ensemble les coups durs de la vie et s’entraînent à la confiance. « Là où deux ou trois sont réunis en mon nom… »

L’Eglise est très présente dans la période des apparitions, puisque Bernadette demande plusieurs fois conseil à l’abbé Pomian et, surtout, parce qu’elle est chargée d’une mission auprès « des prêtres ». L’objet de la mission est lui-même ecclésial : une procession et une chapelle. Malgré le mauvais accueil du curé Peyramale, Bernadette revient au presbytère. De la part du curé, elle demande son nom à la Dame qui finit par lui dire : « Je suis l’Immaculée Conception.» Pas plus que le latin des psaumes, elle ne comprend ces mots-là mais il se trouve qu’ils correspondent au dogme proclamé par le pape Pie IX en 1854.

N’allons pas croire, pourtant, que Bernadette ait été aveuglément cléricale. Elle s’irrite contre les évêques qui usent de subterfuges pour lui extorquer quelque objet. Elle préférerait qu’ils restent dans leurs diocèses plutôt que de venir la déranger. Bernadette ne confond pas les missions. Elle était chargée de transmettre un message : elle l’a transmis. Mais elle ne se croit pas supérieure aux objets.

Saint Paul a bénéficié d’une grâce extraordinaire sur le chemin de Damas : pourtant, il est devenu chrétien, comme tout le monde, par le baptême. Bernadette a bénéficié de grâces extraordinaires mais elle a continué à se préparer à sa Première Communion et elle a été tout heureuse quand elle a pu entrer dans le groupe des Enfants de Marie.

Eglise paroissiale
Eglise paroissiale
 

Son appartenance à l’Eglise va prendre une forme particulière quand elle deviendra religieuse. L’obéissance, en particulier, ne se vit pas de la même façon, surtout si l’on compare une religieuse du 19ème siècle et une femme laïque du 21ème siècle. Mais il ne faut pas réduire la vie de Bernadette à Nevers aux rapports, parfois tendus, avec ses supérieures. Au quotidien, Bernadette partageait avec les autres Soeurs un même désir d’aimer le Christ et son prochain. Elle tâchait d’aider les autres Soeurs, quand elles étaient dans la peine ou le trouble.

Sa vision de l’Eglise dépassait sa communauté religieuse : Bernadette avait un sens aigu de la communion des saints. Ou plutôt de la communion avec les pécheurs. Elle a mis en oeuvre, toute sa vie, l’ordre de la Dame : « Priez Dieu pour les pécheurs. » Elle offrit tous ses renoncements et toutes ses souffrances pour les pécheurs. Dans ses nuits d’insomnie, elle s’unissait aux Messes qui se célébraient dans les premières heures de la matinée sous d’autres cieux.

III) L’Eucharistie

Lieu symbolique : la tente de l’adoration

L’Eucharistie est liée aux apparitions, au moins chronologiquement. Bernadette est revenue de Bartrès en janvier 1858 pour préparer, enfin, sa Première Communion. Celle-ci eut lieu le 3 juin, jour de la Fête-Dieu, à l’oratoire de l’Hospice. C’est pourquoi le Chemin du Jubilé s’achevait en ce lieu.

En plus de la coïncidence des dates, il est possible de voir une logique entre les apparitions et l’Eucharistie : Marie a préparé Bernadette à recevoir son Fils. Marie a donné son Fils à Bernadette. Ce faisant, ne commençait-elle pas à réaliser la promesse du 18 février : Bernadette serait heureuse, non dans ce monde, mais dans l’autre. L’Eucharistie est l’avant-goût de cet autre monde.

A une époque où la communion était rare, Bernadette a obtenu de son confesseur la permission de communier trois fois par semaine. A Nevers, elle communiera fréquemment. Ses consoeurs témoigneront de la beauté de son visage et de son recueillement quand elle communiait et quand, ensuite, elle faisait son action de grâce. Parfois, celle-ci durait sans qu’elle s’en aperçût.

Bernadette s’est bien plus nourrie de l’Eucharistie que des souvenirs de la Grotte. Par l’Eucharistie, elle retrouvait la Vierge puisque nous recevons le corps ressuscité de Celui qui est né de la Vierge Marie : Ave verum corpus natum de Maria Virgine.


Tente de l'adoration
Tente de l'adoration

Celui qui voudrait méditer sur le lien entre Marie et l’Eucharistie pourrait lire, dans l’encyclique du pape Jean-Paul II sur l’Eucharistie, le chapitre qui évoque Marie comme « femme eucharistique ».

Durant ses longs et fréquents séjours à l’infirmerie de Nevers, Bernadette souffrira beaucoup de ne pouvoir assister à la Messe, comme on disait jadis. Quand elle le pouvait, elle y participait de tout son coeur, unissant l’offrande de sa vie et de ses souffrances à l’offrande du Christ.

A l’infirmerie, son lit était entouré de rideaux blancs. Elle appelait ce lieu sa « chapelle blanche ». La Vierge l’avait envoyée dire aux prêtres de bâtir une chapelle. Au moment de sa mort, en 1879, la basilique de l’Immaculée Conception avait été inaugurée et le projet d’une basilique plus grande, celle du Rosaire, était lancé. Mais l’édifice véritable, dont les temples de pierre ne sont que l’image, est celui qui a le Christ comme fondement ou clef de voûte et qui se bâtit dans l’Esprit Saint.

Aux dernières heures de sa vie terrestre, Bernadette se comparait à un grain de blé, semblable à ceux qu’elle avait vu moudre au moulin de Boly. Elle reproduisait en elle la vocation du Serviteur souffrant : « Broyé par la souffrance, il a plu au Seigneur. » Elle savait aussi que les grains devaient être moulus pour devenir Pain de Vie.

IV) Le service

Lieux symboliques : les accueils des malades, la Cité Saint-Pierre

Le Jeudi Saint, au moins dans la liturgie, Jésus a institué l’Eucharistie et lavé les pieds de ses disciples. Dans les deux cas, il leur a dit d’accomplir eux-mêmes les gestes qu’il l’avait vu faire. « Faites ceci en mémoire de moi. » « C’est un exemple que je vous ai donné, pour que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous. »

Accueil Notre-Dame
Accueil Notre-Dame
  Cité Saint-Pierre
Cité Saint-Pierre

A l’Hospice des Soeurs de Nevers, Bernadette a, tout à la fois, pratiqué une spiritualité eucharistique et commencé à servir les malades. A dire vrai, le service était, chez elle, une disposition habituelle, que ce soit dans sa famille, au cabaret tenu par sa tante ou à Bartrès. Mais avec des malades, âgés, misérables et grabataires, au milieu du 19ème siècle, le service prenait une forme moins poétique que la garde des moutons.

Il est vrai aussi que Bernadette était forte intérieurement, dans un corps fragile, et qu’elle avait expérimenté les rudesses de la vie. Mais son amour pour les pauvres ne tenait pas seulement à ses qualités naturelles. Comme tous les saints, elle aimait le Christ en ses membres souffrants. Même si leur charisme particulier n’est pas le soin des malades, il y a peu de saints qui n’aient manifesté un amour tendre et effectif pour les malades. Pensons à saint Ignace de Loyola ou à Frédéric Ozanam. Dans les évangiles, les personnages les plus nombreux autour de Jésus sont les malades et les handicapés.

Bernadette a vaincu sa répulsion devant certaine plaies, par amour du Christ. Elle a rendu courage à des Soeurs dégoûtées devant l’horreur du mal. D’aide infirmière qui devait simplement porter les tisanes, elle était devenue la responsable de l’infirmerie de Nevers et le médecin du couvent rendit un témoignage d’estime et de confiance à l’égard de cette Soeur que certains voulaient faire passer pour folle.

Accueil Saint-Frai
Accueil Saint-Frai
 

Par sa joie intérieure, par son bon sens, par sa lucidité spirituelle, par son humilité, par l’exemple de sa prière, Bernadette rendait service à la communauté, sans même s’en rendre compte, elle qui se comparait à un balai que l’on range une fois le ménage terminé.

Le plus dur pour Bernadette fut de renoncer. Elle dut renoncer à être envoyée dans une maison de la Congrégation pour soigner les plus pauvres : les Supérieures jugèrent imprudent de la laisser partir de Nevers. Elle dut aussi renoncer à servir ses Soeurs comme infirmière et accepter, elle-même, d’être servie. Bernadette était humble, mais fière : accepter d’être dépendante lui fut difficile à admettre.

Comment ne pas l’associer au pape Jean-Paul II qui, dans les derniers temps de son pontificat, pensa que le plus grand service qu’il pouvait rendre à l’Eglise était d’offrir ses souffrances, en union avec le Christ Sauveur ?